IV.2 Le Japon.

 

IV.2.1 CARACTÈRES GÉNÉRAUX :

 

La matière favorite des potiers japonais est le grès, composé d'argile grasse additionnée de sable.

La céramique est, au Japon, un art individualiste où s'affirme la personnalité d'artistes qui ont presque toujours signé leurs œuvres. Sa fabrication n'est pas comme en Chine, centralisée dans une manufacture officielle, mais, au contraire, dispersée dans d'innombrables ateliers locaux travaillant pour de riches particuliers.

Le grand promoteur de la céramique japonaise est le "Chanoyu" ou cérémonie du thé assujettie dès le XVe siècle aux rites les plus rigoureux. De là, le caractère immuable de ces grès japonais conçus pour une fonction déterminée et qui doivent satisfaire le toucher plus encore que la vue.

Les trois principaux objets nécessaires à la cérémonie du thé sont : le "Mizasashi", grande boîte à plan carré ou circulaire fermée par un couvercle et destinée à contenir l'eau.

Le "Chaïré", petit pot de quelques centimètres de hauteur, à couvercle d'ivoire, dans lequel on conserve la poudre de thé.

Le "Chawan", ou bol sans anses, qui doit être tenu à pleines mains et dans lequel s'opère le mélange de l'eau bouillante et du thé.

La Chine, par l'intermédiaire de la Corée, fut la grande initiatrice du Japon, et c'est à elle que la céramique japonaise doit son premier essor.

 

IV.2.2 GRES ET POTERIES DÉCORÉES :

 

A la fin du XIIIe siècle, le potier "Toshiro" dénommé le "Père de la poterie", après avoir appris en Chine les procédés de l'art céramique, s'établissait dans le village de Seto (Owari) où pendant des générations successives ses descendants continuèrent à travailler. Lorsque fut épuisé le matériel rapporté de Chine par Toshiro, les potiers de Seto, employant la terre du pays, firent les premières pièces Proprement japonaises connues sous le nom de "Vieux Seto".

Puis d'autres centres de fabrication se constituèrent dans nombre de provinces (Owari, Ofuki et Karatsu), fondés le plus souvent par les potiers que les princes japonais avaient ramenés à la suite de l'invasion de l'Empire Coréen (1592).

A "Bizen", les artisans coréens surent exploiter la plasticité de la terre locale dans la création d'une foule de figurines. Un descendant des potiers coréens, "Chojiro" (1515-1591), commença à la fin du XVIe siècle, dans la région de Kyoto, la fabrication des poteries célèbres à couverte plombifère, cuites à 800 'C, sous le nom de "Raku", en souvenir du caractère "raku", dont il signait ses pièces.

A partir du milieu du XVIIe siècle, la région de Kyoto acquit une grande renommée par ses poteries décorées en émaux polychromes à l'instar des porcelaines chinoises. Produits d'exportation, ils furent bientôt vulgarisés et connus dans tous les pays européens sous le nom de "Satsuma", qui fut un des principaux centres de fabrication.

Le peintre "Ninsei" qui travaillait à Kyoto au milieu du XVIIe siècle, puis "Kenzan" (1663-1743), frère du peintre Korin, sont considérés comme les créateurs de ce décor proprement japonais. Une simple branche, une fleur, tracés avec hardiesse.

 

IV.2.3 PORCELAINES :

 

On attribue la fondation de la première manufacture de porcelaine japonaise au potier "Shonzui", qui se rendit en Chine pour apprendre les secrets de la fabrication. A son retour en 1510, il se serait établi à Arita pour y fabriquer, avec des produits importés de Chine, des porcelaines à décor bleu et blanc.

La fabrication régulière de la porcelaine au Japon ne commence vraiment qu'au début du XVIIe siècle, après la découverte à Hien de gisements de Kaolin. L'usage des émaux polychromes se répand et des fours nouveaux s'allument dans diverses régions, exploitant les gisements de kaolin, Kutani, Hizen, Imari et Hirato, ont fourni des porcelaines réputées. Les environs de Arita deviennent aussitôt le centre de la porcelaine japonaise, alors que Amari, dont le nom est souvent cité par erreur, n'était que le port d'embarquement des porcelaines destinées à l'exportation.

Pendant la guerre civile chinoise, vers la moitié du XVIIe siècle, les Hollandais commencèrent à importer de grandes quantités de porcelaines, décorées en bleu sous couverte et à reflets pourpres. Un autre décor fut utilisé à partir de 1660 dans la province de Kaga, à Kutani (neuf vallées). Certaines porcelaines de Kutani (Fig), notamment celles réalisées au XIXe siècle, sont entièrement recouvertes de vernis à l'exception d'une partie en biscuit délibérément laissée à nu.

Le terme "Nabeshima" tire son origine d'un prince du même nom qui implanta en 1660 une fabrique de porcelaine à Okawachi, dans les environs de Arita. De la même région proviennent des porcelaines très populaires réalisés pour la princesse Hirado à partir de 1712. Le décor, réalisé sur une pâte parfaitement blanche, représente des sujets figuratifs sur fond de succès. paysage peint dans tous les tons violets du bleu.

Aujourd'hui, le collectionneur est plus sensible à la porcelaine de Satsuma, du nom d'un site de l'île de Kyushu ; ces porcelaines ont été fabriquées en grande quantité ; destinées au marché européen dès 1860.

 

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